inédits





"Marche ou crève"
par Jules Brunin, texte extrait des pages de "EL BATIA MOÛRT SOÛ" N°28


"Ou étais-tu camarade, lorsque, âgé de 68 ans, je fuyais la maison de retraite, La Biercée à G... ? J'avais les jambes en flanelle et mon palpitant en chamade ? 
Et vous les élus, les services sociaux et tous ceux ayant dans leurs attributions le bien-être des personnes âgées et de tous les fragilisés ? Sans doute, quelque part à gueuletonner ou à déguster de bons breuvages en vous tordant de rire ?
Et vous, surtout le journaliste fanfaron de Télé-M.B. qui me téléphona en me disant " de ne pas rejoindre ma chambre " sous peine d'être transféré au Chêne aux Haies en milieu psychiatrique ?’’
J'admire ton silence complice et ta trouille de recevoir ton C.4. si jamais tu enfreignais les règles dictées par ta Rédaction ?

Ce qui me fiche en rage, c'est que toi, le journaliste, étais aux premières lignes comme témoin et tu n'as même pas daigné me voir, me rencontrer pour te dire ce qui se passait exactement sur cette putaine route de campagne. Pourtant, ton confrère du magazine le Soir (un vrai jounaliste, celui-là) à son tour pouvait témoigner ainsi que d'autres gens.
C'est vrai, que Télé M.B. est subsidié par un tas de trucs dont la Commune de Mons et qu'il ne taillait pas cracher dans la soupe...
Et je suis là, sur cette putaine petite route de campagne, entre La Biercée et le Roeulx (5  Kms), m'attendant à chaque instant entendre les sirènes hurlantes de l'ambulance et des flics pour une Contrainte par Corps illégale et crapuleuse. Oui, crapuleuse '

Et ce, sans l'avis du Parquet et des instances ayant autorité pour ce genre de rapt, car il s'agit bien d'un rapt et j'en parle en connaissance de cause ayant été capturé manu militari un soir de décembre 2001, ligoté sur une civière avec la complicité de deux flics d'Havre, de deux ambulanciers, deux infirmiers et le directeur du M.R.S. (Maison] de repos et de soins) du! chemin de la Cure d'air à Havre. Home connu comme étant le mouroir de Mons... Capturé, ligoté et G.S.M. saisi, je fus, emmené   aux   Urgences d'Ambroise Paré, placé dans une chambre à la fenêtre grillagée et à la porte fermée à double tour, tout ceci sous la surveillance d'un infirmier-geôlier qui ne cessait de me dire : "il faut suivre la Procédure".
Mais de quelle procédure s'agit-il ? Et de quel droit ?
Mystère et boule de gomme. soyez vieux, pensionnaire d’une maison de retraite et alors vous perdez tous vos droits, prisonnier d'un système qui est carcéral de nom. Exécuteurs  des  hautes oeuvres de la mise au pas des vieillards.

A présent, on comprend pourquoi je paniquais sur cette putaine route de campagne. en ce jour du 3 mai 2002, à 11h30, la propriétaire des lieux fait irruption dans ma chambre où je suis calmement attablé à ma table de travail tout en fumant tranquillement une cigarette.
- Alors, tu fumes ? Tu ne sais pas que c'est interdit ? [celle qui me dit ça a cessé de fumer depuis 6 mois] Il y a quinze jours, une vieille folle d'un home de Bruxelles a bouté le feu à son lit. Elle est morte grillée.
- Sachez Madame que Je fume depuis cinquante ans et que jamais n'ai bouté le feu chez moi et ni ailleurs.
Finalement, à force d'être agressé je lui dis que c'est une " fouteuse de merde ". Que n'avais-je dis à cette mégère outragée,
Elle s'en tut et m'envoya sa lavette de mari, le preux chevalier somnolent en dépression depuis trois ans, qui m'intima l'ordre de faire ma valise avant deux heures et de quitter les lieux sinon il me transférait au Chêne aux Haies (sic).
Sachant de quoi ils étaient capables (Havré) je m'en allais, fuyant les lieux dans l'espoir de ne pas être capturé sur cette putaine petite route de campagne.

Heureusement, armé de mon G.S.M., je pus appelé Joseph de Le Roeulx lequel aussitôt vint me chercher.

Merci Joseph. Merci Serge.
Merci tous les amis qui m'entourèrent et me réconfortèrent car sans eux ...

Et dire que c'est l'infirmière ayant mon dossier dans ses attributions qui suggéra aux patrons de la Biercée, de me transférer en milieu psychiatrique.

On peut rêver. Et si, pour une fois, on s'intéressait d'un peu plus près du sort des vieilles et des vieux placés dans des Maisons de Retraite ? (Maison est un bien grand mot). Est-ce trop demander?

La suite dans un prochain livre...

" Je ne suis que moi
Avec mes rêves,
Avec mes émois,
Mes espoirs déçus,
Mes demains
Qui foutent le camp.
C'est la vie...
Ainsi soit-il ! "

Jules Brunin, 14.09.2002